Le problème avec les vidéos de « présentation » du BDSM...

Sept 14
Le problème avec les vidéos de « présentation » du BDSM... 14 Septembre 2020 Larry

Suite à un fil de discussion sur le site BDSM FetLife, nous sommes allé voir diverses vidéos supposées présenter le BDSM aux curieux/curieuses ou aux débutant-e-s.

Une fois de plus, ça nous a consterné !

Nous en connaissions déjà une, que nous avions jugée nulle, quand nous l'avions vue, et même pire que ça : l'auteur y parle du BDSM de la pire façon possible, en en faisant des tonnes et en présentant le BDSM comme mystérieux, avec des discours élitistes qui ne représentent en rien le BDSM tel qu'il est réellement pratiqué, et qui ne donnait certainement pas envie d'en faire, mais par contre renforce l'idée de « malades mentaux » ! Bravo !

Mais c'est de la dernière, la troisième, que nous voulons parler ici...

C'est (comme souvent) une vidéo faite au Québec et elle présente le BDSM d'une façon très biaisée, caricaturale par certains aspects...

Le plus gros problème (en plus des préjugés bizarres d'un homme interviewé) étant que son créateur a fait appel à une « experte » supposée en sexualité : une sexologue. Quand nous avons entendu ses premières explications (sur l'histoire du BDSM), nous avons été surpris, mais la suite... Là, ce n'était plus de la surprise, c'était à bondir ! Et attention, nous ne parlons pas juste d'un problème de simplification exagérée (dûe aux contraintes d'une brève vidéo). Non, non, là nous parlons de grossières erreurs, flagrantes !

Il est évident qu'elle ne sait pas de quoi elle parle ! C'est absolument effrayant, surtout quand on sait qu'elle reçoit en consultation des clients qui abordent le sujet du BDSM.

Nous sommes ici dans le cas typique, que nous avons déjà souvent rencontré, des professionnel-le-s qui ont leur conception du BDSM, et qui tombent à fond dans les mythes et  préjugés (toxiques).

Du coup, nous nous sommes renseignés sur elle. Et nous n'avons pas été déçus ! Nous avons retrouvé notamment une présentation des paraphilies qu'elle avait faite. Consternant ! Exactement comme nous nous y attendions : elle y présentait les classiques délires psychiatriques/psychanalytiques et y démontrait un manque total de recul et de réelle compréhension du sujet, notamment que le BDSM est en réalité très répandu..

Il nous faudrait des pages entières pour répondre à ses élucubrations et remettre les choses à leur place !

Nous savons que ce genre de vidéo part d'un bon sentiment. Mais si le résultat final va à l'envers de l'objectif, faute de savoir présenter les choses, et -surtout- de choisir les bons intervenants ou bonnes intervenantes, c'est un problème !

Une illustration du problème des introductions au BDSM qui contiennent des erreurs grossières

Juin 11
Une illustration du problème des introductions au BDSM qui contiennent des erreurs grossières 11 Juin 2020 Larry

Nous avons déjà parlé à de multiples reprises des problèmes posés par les études sur le BDSM qui ne sont pas fiables ou pas sérieuses (et ne parlons pas du problème des écrits inaccessibles qui rendent très difficile toute tentative de critique).

Vous le savez, les mythes, préjugés et autres délires sont profondément enracinés dans le BDSM.

Nous avons aussi déjà parlé d'un problème de fond : comment faire confiance à des écrits qui contiennent des erreurs ? Même si l'auteur-e a de bonnes intentions, est sincère, si il ou elle mélange le vrai et le faux, comment voulez-vous utiliser un tel document ? Et ne parlons pas de la -grande- difficulté si on débute pour distinguer ce qu'il faut garder ou jeter !

Nous sommes retombés tout à l'heure, par hasard, sur un exemple de ce genre de problèmes que nous avions rencontré il y a plusieurs mois.

Cet article, en anglais, tente de démythifier le BDSM. Manque de chance, malgré la bonne volonté manifeste de l'auteur, il le fait en utilisant quantité de mythes/préjugés. C'est légèrement gênant...

Référence : The Truth About BDSM Relationships

L'article n'est pas 100% à jeter, il présente bon nombre d'aspects du BDSM de façon, disons, décente, malgré des raccourcis que nous pardonnerons. Mais nous allons vous présenter ci-dessous quelques-uns des gros problèmes trouvés dans son texte.

Notez que dans nos observations, les écrits sur le BDSM provenants de psychiatres, psychanalystes et même psychologues, sont parmi les plus problématiques et généralement fourrés d'erreurs, de préjugés, voire de délires dans les cas extrêmes.

Sadly, media BDSM has grossly distorted the pain that submissives experience. It’s more theatrical than real. When performed by ethical, nurturing dominants (“doms” or “tops, ), BDSM is never abusive.

Premier problème majeur : non, le BDSM ce n'est pas que la douleur ! C'est une erreur critique, et dans tout son texte il vous donne uniquement la vision que « BDSM=SM (=douleur) », ce qui est un mythe majeur que nous dénonçons depuis des années !

Ensuite, dire que le BDSM est plus théatral que réel est absurde, surtout quand on lit la citation suivante (qu'on trouve plus bas dans son texte) :

BDSM is more theatrical than real. Participants carefully choreograph their moves in advance.

Non ! C'est n'importe quoi !

Les participant-e-s choérographient tout à l'avance ? N'importe quoi ! Rares sont les personnes qui théatralisent vraiment et suivent un scénario très précis. Ça existe, nous le savons, mais c'est une infime minorité. Parler avec des gens lors de Munchs, soirées ou sur les forums BDSM vous le montre immédiatement...

Il parle clairement d'un sujet qu'il ne connaît pas vraiment !

Vous avez remarqué que son assertion est très forte, pas nuancée. On ne peut pas pardonner une erreur aussi énorme quand on pense que les gens qui vont lire ce texte sont principalement des débutant-e-s ou des personnes curieuses, qui évidemment, ne pourront pas se rendre compte de l'énormité de cette erreur.

First, participants agree on a “safe” word, a stop signal that the sub can invoke at any time. The safe word immediately stops the action—at least until the players have discussed the reason the bottom invoked it, and have mutually agreed to resume. A popular safe word is “red light.”

Ensuite, il parle assez longuement des mots d'arrêt (safewords).

Ça fait des années que nous nous battons contre ce mythe : non, les safewords ne sont pas indispensables, ils sont rarement utiles et peuvent aisément devenir dangereux (surtout si on débute).

Il ne fait ici que répéter sans comprendre ni prendre de recul, ce qu'on lui a dit ou ce qu'il a lu.

Un dernier problème : dans à peu près tout son texte, l'auteur parle de gens qui sont « à fond dans le BDSM », bref une petite minorité. C'est une des erreurs récurrentes de ce genre de textes !

Nous vous passons le reste du texte, nous pourrions en rajouter, mais les points ci-dessus sont les plus importants, selon nous.

C'est problématique que des gens écrivent des textes d'introduction sur un sujet dont ils ou elles ne connaissent presque rien. Et propager les mythes/préjugés sur le BDSM n'aide pas non plus !

Les articles d'introduction au BDSM font-ils plus de mal que de bien ?

Mai 20
Les articles d'introduction au BDSM font-ils plus de mal que de bien ? 20 Mai 2020 Larry

Voilà maintenant plus de 3 ans que nous avons créé notre site sur le BDSM.

En 3 ans, nous avons eu le temps de lire beaucoup de documents, de commentaires sur les forums et autres. Comme nous l'avons déjà écrit à plusieurs reprises, le niveau des études est généralement faible, et ce sont des écrits produits par des pros ! Les articles et commentaires sont le plus souvent bourrés de problèmes, de préjugés et même parfois d'erreur flagrantes.

Un type de document en particulier a attiré notre attention : les introductions au BDSM.

Nous avons trouvé des études qui commencent par une présentation du BDSM qui est tout à fait correcte, même si parfois on y trouve des raccourcis malheureux. Mais d'autres (que nous ne citerons pas, LOL) contiennent de sérieux délires dès le départ. Bon, nous pouvons le pardonner (dans ue certaine mesure) quand le document est écrit par des gens qui n'utilisent le BDSM que comme support ou illustration, pas comme sujet d'étude.

Par contre, la très grande majorité des articles d'introduction au BDSM que nous avons trouvés ont de sérieux problèmes. La plupart ont de bonnes intentions, bien sûr. Certains sont des articles visiblement écrits « rapido » par des journalistes en mal de copie (typiquement pour des magazines féminins ou masculins), le niveau s'en ressent évidemment mais nous n'espérions pas de miracle, ce ne sont pas des références. Le plus inquiétant, et problématique, est quand ces écrits sont présentés comme sérieux, comme écrits par des gens ayant des connaissance sur le sujet ou au moins en sexualité. Nous avons ainsi trouvé des textes écrits par des étudiant-e-s en sexologie qui contenaient des -grosses- erreurs, c'est embarrassant : eux n'ont pas les excuses des journalistes dont ce n'est pas le métier...

➜ Nous nous posons la question : est-ce que tous ces textes qui veulent présenter le BDSM au grand public, le démythifier, ne sont pas, au final, plus toxiques que bénéfiques ?

L'avantage -relatif- de ces articles est la propagation de nombreux articles aide à renforcer l'idée que le BDSM n'est pas si marginal, et n'est pas une maladie mentale.

Mais, la propagation de mythes, stéréotypes, préjugés et parfois d'erreurs est un problème sérieux. Comment peut-on distinguer le vrai du faux si on débute ?

Le pire est évidemment quand on parle de documents ayant une « aura » (les encyclopédies ou Wikipedia). Le cas de Wikipedia français est particulièrement critique : les articles en français présentent une vision totalement bizarre et biaisée du BDSM, rien à voir avec la réalité, c'est surprenant. Mais si vous ne connaissez pas déjà le BDSM, comment pourrez-vous détecter le problème ? Après tout, il n'y a pas de référence reconnue sur laquelle se rabattre...

Nous tendons à penser que ces articles font, généralement, plus de mal que de bien.

Il ne faut pas donner les mêmes conseils aux débutant-e-s et aux habitué-e-s !

Mai 06
Il ne faut pas donner les mêmes conseils aux débutant-e-s et aux habitué-e-s ! 06 Mai 2020 Larry

Nous allons peut-être vous surprendre, mais parmi les personnes qui font du BDSM, tout le monde ne passe pas 24 heures pendu-e par les pieds, en étant battu-e avec un fouet en fil de fer barbelé, marqué-e au fer rouge et en ayant des pinces crocodiles sur les tétons, reliées à une batterie de voiture...

Non, vraiment ! Il n'y a pas que ça dans le BDSM.

Parce que si on écoute certaines personnes c'est comme ça que ça se passe... « Le BDSM est extrême, c'est dangereux ! SSC forever ! » (LOL !)

Bon, mettons de côté les sarcasmes.

En réalité, il y a de tout dans le BDSM : des personnes qui débutent, des habitué-e-s, des gens qui font du « soft », d'autres qui font du « hard » voire de « l'extrême ».

Bref, il n'y a pas un unique profil. C'est évident ! Et ça fait longtemps que nous le soulignons dans divers articles.

Le problème que nous voulions soulever est qu'il y a -évidemment- une grande différence entre les débutant-e-s et les « expert-e-s » (c'est-à-dire les gens qui sont à fond dans le BDSM depuis longtemps).

Pourtant, quand on lit les conseils donnés par un grand nombre de personnes, conseils supposés être adressés aux personnes qui débutent complètement le BDSM, on a -souvent- l'impression qu'ils parlent à des habitué-e-s qui font du « SM hard » !

Vous vouliez juste donner une petite fessée ? On vous sort tout un tas d'avertissements (parfois décourageants) comme si vous alliez utiliser un fouet en fil de fer barbelé !

➜ C'est bien de vouloir avertir, mais il faut savoir s'adapter au public visé !

Et c'est un très gros problème, car quand nous parlons par exemple des mots d'arrêt, nous nous trouvons confrontés à une levée de bouclier de gens qui ne comprennent pas que leurs pratiques, qui durent depuis des années, sont totalement différentes de celle d'une personne qui veut juste faire un « petit essai » basique, pour voir. Leurs pratiques et leurs besoins sont radicalement différents ! Parler comme si une petite fessée était comparable à des séances de fouet intenses n'a aucun sens, c'est absurde et même stupide. Même quand nous soulignons que leur utilisation des mots d'arrêt, dans le cadre de leurs pratiques intenses, n'a aucun sens dans le cas de personnes qui débutent, rien à faire, ils et elles refusent de comprendre la différence (qui est pourtant évidente !).

Idem pour l'aftercare, par exemple, ou les philosophies du BDSM (SSC, RACK, et autres) qui, si vous débutez, vous sont vendues (à tort) comme indispensables, vitales, sans expliquer leurs limites (que vous ne pouvez pas percevoir par un manque de recul tout à fait normal). Le contexte est important, critique même.

Et ne parlons pas des soirées BDSM ou du problème des rencontres ! Ou même le consentement. Là aussi, c'est très vite le n'importe quoi. Les conseils sont -trop souvent- totalement à côté de la plaque et horriblement inadaptés.

Ironiquement, en focalisant l'attention des nouveaux et nouvelles venues dans le BDSM sur certains sujets qui ne sont pas forcément adaptés, on risque soit de les décourager, soit de leur donner de fausses certitudes (dangereuses) ou de les distraire des vrais problèmes.

Au final, nous avons vu des exemples de personnes fraîchement arrivées dans le « milieu » BDSM et qui passe des mois à discuter, à décortiquer le SSC comparé au RACK dans les moindre détails. Mais comme ils et elles n'ont (naturellement) aucun recul, leurs réflexions ne sont, bien souvent, que des ratiocinations stériles, sans parler qu'ils et elles tombent presque toujours dans les mythes les plus horribles et toxiques. Dans les pires cas, ils/elles passent tout leur temps à parler, et au final, ne passent jamais à la pratique (nous avons vu des exemples en réel). Réfléchir au BDSM est louable, mais il ne faut pas pousser à l'extrême et perdre de vue l'objectif final !

Même si nous ignorons les cas des extrémistes du BDSM et des forcenés de l' élitisme , il est problématique que les personnes qui répondent aux questions, donnent des conseils (souvent de bonne foi), ne semblent, trop souvent, pas être capables de distinguer leur cas (généralement hors norme) du cas des autres.

Et ne parlons pas du cas des « expert-e-s internet » : des personnes qui ne savent rien, qui ont des conceptions bizarres, stéréotypées, des mythes, des préjugés absurdes, mais pensent tout savoir et donnent de façon dogmatique des « conseils » (souvent dangereux) sur un sujet dont ils et elles ignorent tout ! C'est consternant.

La réalité, c'est que la majorité des gens qui font du BDSM se cantonnent dans des pratiques relativement basiques, et soft (et il n'y a pas de mal à ça).

➜ Non, tout le monde ne fait pas (et ne veut pas faire) du SM hard en 24/7, il faut en tenir compte !